Fukushima : "On va pomper une partie de l'eau, mais la radioactivité va rester"
Alerte sur les conséquences à très long terme des fuites d'eau contaminée de la centrale nucléaire accidentée...
Des experts et des élus en train d'inspecter les installations censées contenir les fuites d'eau radioactives, le 6 août 2013, à la centrale nucléaire de Fukushima (Japon). (KYODO KYODO / REUTERS)
Fuite radioactive au Japon. La centrale nucléaire accidentée de Fukushima relâche environ 300 tonnes d'eau contaminée chaque jour dans l'océan Pacifique. Un chiffre révélé, mercredi 7 août, par le gouvernement japonais, convaincu que les fuites durent depuis deux ans.
Pour Jérôme Joly, directeur général adjoint de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, l'impact environnemental des fuites d'eau contaminée reste marginal, comme il le confie à l'AFP. Laura Hameaux ne partage pas cet avis. La porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, livre à francetv info son sentiment sur cette nouvelle évolution concernant le site de Fukushima.
Francetv info : Comment avez-vous accueilli l'information sur les fuites d'eau radioactive quotidienne ?
Laura Hameaux : Pour nous, ce n'est pas une surprise. Nous travaillons avec des experts indépendants depuis le début de la catastrophe. Il ne pouvait pas en être autrement, l'accident de Fukushima ne pouvait qu’empirer. Il ne pouvait pas être réglé en quelques semaines.
L'élément nouveau, c’est que Tepco [l'exploitant de la centrale] change son fusil d'épaule et reconnaît qu'il y a des fuites, après nous avoir dit le contraire pendant deux ans. Tepco a déversé des tonnes d'eau sur les réacteurs, il était impossible que cela reste confiné. Désormais, il existe un nouveau risque, avec le débordement des nappes phréatiques.
Quels dangers engendrent ces déversements ?
Ils sont liés à la radioactivité : d'abord, des dangers importants pour la santé. Le directeur du site, [qui y a passé beaucoup de temps après l'accident], est mort d'un cancer. L'autre risque réside dans la pollution importante pour des dizaines, voire des centaines d'années. Le césium [un élément radioactif] possède une demi-vie de 30 ans [c'est-à-dire qu'il perd la moitié de sa radioactivité en 30 ans], mais cela peut prendre des centaines d'années pour que sa radioactivité soit nulle.
Les océans vont être contaminés, et par conséquence toute la chaîne alimentaire de ce milieu aquatique. Les mollusques, notamment, ont la particularité de fixer toutes les matières radioactives, comme les champignons.
Quelle zone géographique pourrait être touchée par cette contamination ?
Il s'agit là d'un autre problème. Les particules radioactives peuvent être transportées sur de très longues distances. Elles suivent les courants et peuvent être véhiculées par les poissons sur leur trajet de migration.
N'oublions pas aussi que la radioactivité porte atteinte au génome, et que les risques peuvent donc se transmettre de génération en génération. Par exemple, en Ukraine, de nombreux enfants sont malades alors qu’ils sont nés après la catastrophe de Tchernobyl [en 1986].
Les solutions envisagées par l'exploitant Tepco vont-elles permettre d'améliorer la situation ?
Non. Tepco a toujours minimisé les risques, c'est sa stratégie de communication. La société a toujours intérêt à laisser penser qu'elle maîtrise la situation. Mais concrètement, injecter des solutions chimiques pour solidifier les nappes phréatiques ou faire croire que l'on peut pomper toute l'eau contaminée, il s'agit là de chimères. Cela ne règle rien.
On va pouvoir pomper une partie de l'eau, mais la radioactivité va rester. On ne peut pas la faire disparaître. Il n'y a pas de solution. C'est pour cela qu'on s'est inquiété depuis le début. Les ennuis ne font que commencer.
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