Gaspé: le gaz de schiste inspire Pétrolia
La compagnie envisage la fracturation hydraulique pour extraire le pétrole!!!
Le puits Haldimand no 1, dans la région de Gaspé, où la compagnie Pétrolia compte extraire une grande quantité de pétrole.
L'entreprise Pétrolia fonde beaucoup d'espoir sur ses forages pétroliers situés dans la région de Gaspé et sur les millions de barils qu'ils renfermeraient. Elle songe d'ailleurs à mener des opérations de fracturation hydraulique sur un de ses puits, une méthode controversée dans le cas du gaz de schiste et pour laquelle les impacts environnementaux sont à peu près inconnus. Ce serait une première au Québec dans l'extraction de l'or noir.
«On a reçu le 4 février un avis de projet de la part de l'entreprise indiquant qu'elle projetait d'utiliser des techniques de fracturation sur ses puits», a indiqué au Devoir un porte-parole de la direction régionale du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) pour le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine. Il n'a toutefois pas été possible d'obtenir une copie dudit avis, le ministère prétextant que «le document appartient à Pétrolia».
Cette démarche volontaire ne sert qu'à informer le MDDEP. Il ne s'agit pas d'une demande formelle de projet, a tenu à préciser le président de Pétrolia, André Proulx. «Aucune décision n'a été prise pour le moment. Ça fait partie des possibilités qu'on souhaite étudier. On a commandé des études pour savoir si on peut le faire, dans quelles circonstances, de quelle façon et avec quelle équipe. Quand on va avoir tout ça en main, on va déposer un vrai avis de projet.» Sur son site Internet, l'entreprise précise que la fracturation hydraulique fait partie des options étudiées par la pétrolière pour «exploiter le gisement» de Haldimand, qui compte pour le moment deux puits: Haldimand no 1 et Haldimand no 2.
Fait à noter, cette technique n'a jamais été utilisée pour extraire du pétrole du sous-sol québécois. Celle-ci consiste à injecter un mélange liquide sous très haute pression de façon à fractionner la roche à une grande profondeur afin de pouvoir en extraire les hydrocarbures. Elle est déjà connue dans le secteur du gaz de schiste. Si Pétrolia va de l'avant avec son projet de fracturation, celui-ci devra de plus se faire dans le cadre de l'évaluation environnementale stratégique voulue par Québec. Le président de Junex, Jean-Yves Lavoie, siège au comité qui dirigera cette évaluation. Junex détient également des intérêts de 36 % dans le projet d'Haldimand.
Dans le cas d'autres types de forages plus traditionnels, les pétrolières utilisent depuis des années un mélange contenant de l'acide chlorhydrique pour stimuler leurs puits. Pour chacun, on peut injecter des dizaines de milliers de litres de ce mélange. Dans ce cas, ils n'ont aucune autorisation à demander au MDDEP, malgré la toxicité des substances utilisées. «Lorsque les travaux sont réalisés sans fracturation, ils ne sont pas assujettis à un certificat d'autorisation», a dit un porte-parole du ministère.
Secteur prometteur
M. Proulx a en outre fait valoir que le recours à la fracturation hydraulique n'est pas la méthode privilégiée, notamment parce qu'elle s'avère beaucoup plus coûteuse qu'un forage classique. «Ces temps-ci, a-t-il ajouté, c'est difficile de faire de la fracturation hydraulique au Québec. Comme il ne s'en fait pas beaucoup, c'est difficile d'avoir accès aux équipements. Il faut tout faire venir d'ailleurs.»
Mais le secteur de Gaspé n'en intéresse pas moins Pétrolia, une entreprise basée à Rimouski, mais dont le premier actionnaire est suisse. Et pour cause. Uniquement dans le sous-sol de la zone visée par le projet Haldimand — d'une superficie de 9 km2 —, on estime qu'il y aurait au moins 7,7 millions de barils de pétrole récupérables. Au prix actuel du marché, soit 100 $, la ressource a une valeur brute de 770 millions de dollars. Sans compter que l'on s'attend à une remontée constante du prix de l'or noir au cours des prochaines années.
Déjà, le puits Haldimand no 1 est en mesure de produire «de façon naturelle» une dizaine de barils par jour. Plus de 2000 barils de pétrole brut auraient été extraits, mais la pétrolière n'a pas versé de redevances à l'État. La loi qui encadre l'exploration pétrolière au Québec ne prévoit pas d'obligation de payer des redevances durant la phase d'exploration et elle ne détermine aucune limite à cette période d'évaluation.
Les puits Haldimand no 1 et no 2 ont été forés dans un secteur de la Gaspésie nommé «Formation York River» et qui va de Murdochville à la baie de Gaspé, en plus de déborder en milieu marin.
ANTICOSTI
Pétrolia compte par ailleurs poursuivre ses activités sur l'île d'Anticosti. «On met beaucoup d'énergie», a souligné son président. L'entreprise a mis la main, en 2008, sur des permis détenus auparavant par Hydro-Québec en échange d'une «redevance prioritaire» qui n'a jamais été précisée.
Bref, on ne sait pas ce que Québec a obtenu lorsque la Société d'État a cédé au privé le droit d'exploiter une ressource naturelle de très grande valeur, non renouvelable et qui appartient en théorie à l'ensemble des Québécois. Selon l'analyse des données des plus récents travaux de forage menés par Pétrolia sur Anticosti, le sous-sol de l'île pourrait renfermer 30 à 70 milliards de barils de pétrole de schiste. Leur extraction pourrait nécessiter le recours à la fracturation hydraulique.
Source : ledevoir.com
article d'Alexandre Shields
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