JE ME SOUVIENS...
Aujourd'hui c'est la Fête Nationale du Québec...
C'est assez surprenant de constater que la fête d'un peuple est directement lié aux rites du solstice d'été. Comme les feux de St-Jean ont à voir avec "Janus", et la cérémonie des feux sont des sortes de rituels ayant à voir avec d'aunciens rites voués à "Moloch", (associé à "Tammuz")...
Il y a fort à parier que les québécois ne se souviennent pas vraiment de l'origine de leur fête nationnale, ni de l'origine de leur drapeau "fleurdelysé"... Peuvent-ils seulement savoir pourquoi leur fête nationnale se fête le 24 juin (?) Est-ce seulement un curieux hasard?
FLEUR DE LYS : SYMBOLE DU QUÉBEC
C’est Clovis, au tout début du Moyen-Âge qui fit de l’iris la fleur symbole de la puissance royale. Il se trouve qu’on l’a surnommé flambe d’eau mais encore lis des marais, d’où la confusion avec le lys blanc tel que nous le connaissons qui, lui, est la première espèce végétale inscrite au Capitulaire de Villis de Charlemagne [fin VIII°-début IX° siècle]. Aussi, contrairement à ce que certains auteurs écrivent, le meuble héraldique suivant n’aurait que peu de rapport avec le lilium de Charlemagne
En Occident, il a été un symbole royal et solaire avant la fleur de lys et il figure sur l'étendard de Clovis.
Historique:
C'est en l'an 507 qu'apparaît pour la première fois la fleur de lys sur le drapeau de Clovis, Roi des Francs. La fleur de lys devait à jamais symboliser la royauté française. Beaucoup plus tard, c'est lors de la guerre de Cent ans (1337-1453) que les peuples de France adoptèrent définitivement la croix blanche. Il revient toutefois au roi Charles VII de former un drapeau populaire, fait d'un champ d'azur parsemé de lis d'or et traversé par une croix blanche, pour cimenter l'unité politique de la France. Selon la tradition venue du Moyen Âge, il symbolise la culture du peuple français qui est à la fois chrétienne et occidentale.
Au XVIe siècle, la fleur de lys fait son apparition en Amérique. La croix que Jacques Cartier planta à Gaspé en 1534, portait un écusson avec trois fleurs de lis. Plus tard, le navire sur lequel Champlain voyageait portait à son mât un étendard bleu azur et blanc, le blanc en forme de croix. En Nouvelle-France, les représentants du roi, la chevalerie et les miliciens arborèrent tour à tour des drapeaux qui comprenaient un, deux ou même trois éléments de ce qui deviendrait le drapeau du Québec.
Puis vint la bannière de Carillon. Elle était azur avec des fleurs de lis blanches disposées aux quatre coins: fait presqu'exclusif aux Français d'Amérique. D'autant plus que Carillon fut une grande victoire. Cherchez à connaître plus de détails sur cette grande bataille de 1758... Deux ans plus tard, juste avant la capitulation de Montréal en 1760, Lévis fait brûler les drapeaux des régiments français. Les fleurs de lis seront absentes du ciel québécois pendant 200 ans.
En 1834, à l'époque où les seuls à utiliser le terme «Canadien» sont les habitants francophones de la vallée du Saint-Laurent, la Société Saint-Jean-Baptiste consacre la feuille d'érable emblème officiel en ces termes éloquents :
«Cet arbre - l'érable - d'abord jeune et battu par les vents, semble dépérir, puisant difficilement sa nourriture à même la terre. Mais le voilà bientôt tendre ses rameaux vers le ciel, grand et fort, faisant fi des tempêtes et triomphant du vent, maintenant impuissant devant sa force. L'érable est le roi de nos forêts; il symbolise le peuple canadien.»
Le gouvernement fédéral d'Ottawa s'appropriera par la suite ce symbole qui figure aujourd'hui sur le drapeau canadien (depuis 1964).
En 1924, s'inspirant d'une brochure publiée en 1903 par l'abbé Filiatrault, la société Saint-Jean-Baptiste adopte un drapeau quasi identique au fleurdelisé actuel. Il arbore en son centre une image du Sacré-Coeur entouré de feuilles d'érable. Ils l'appelèrent le Carillon-Sacré-Coeur :
En 1947, un vaste mouvement d'opinion publique se met en branle afin de sensibiliser l'Assemblée législative à la nécessité de doter le Québec d'un drapeau national. Les gens du Québec considèrent inacceptable que le Canada n'ait toujours pas de drapeau distinctif et sont choqués qu'Ottawa s'oppose à remplacer le drapeau rouge avec le Union Jack en médaille (le red ensign britannique à droite). Puisque Ottawa refuse de bouger, Québec aura son drapeau. Le 2 décembre 1947, le député Chaloult dépose une motion à l'Assemblée nationale afin de doter le Québec d'un drapeau. Elle doit être débattue le 21 janvier 1948.
Le drapeau du Canada jusqu'en 1964
Maurice Duplessis est alors Premier ministre du Québec. Il n'est pas opposé au fleurdelisé mais il a quelques réserves. Il y a beaucoup de bleu sur le drapeau. Il s'inquiète de la réaction de l'opposition formée des libéraux, les «rouges»...
Enfin, on décide de redresser les fleurs de lys qui étaient orientées vers l'intérieur. Le matin même où la motion Chaloult doit être discutée en Chambre, un arrêté reçoit l'approbation unanime du Conseil des ministres, consacrant le fleurdelisé comme drapeau officiel du Québec.
C'est donc le 21 janvier 1948, peu avant trois heures, que le drapeau du Québec, tel que nous le connaissons aujourd'hui, flotta pour la première fois sur l'Hôtel du Parlement. Devant les députés qui ovationnent, Maurice Duplessis présente son drapeau au Québec. Le fleurdelisé devient l'emblème distinctif du Québec, des Québécoises et des Québécois.
Symbolisme:
La composition héraldique du drapeau est la suivante: «D'azur à la croix d'argent cantonnée de quatre fleurs de lis du même».
L'argent est représenté par la couleur blanche du tissu du drapeau. Comme nous l'avons vu plus haut, la croix blanche est le symbole d'une nation catholique et tire son origine du Moyen Âge.
Pour sa part, le bleu azur est apparu vers l'an mille comme marque de l'autorité française. Quant aux fleurs de lis dorées, elles ont été vite reconnues comme le symbole de la monarchie française. Au Québec, les fleurs de lis blanches (ou argentées) nous rappellent la fondation d'une France nouvelle en Amérique.
Le lis blanc
Les armoiries du Québec:
Les premières armes du Québec lui furent accordées par mandat de la reine Victoria en 1868. En 1883, la devise «Je me souviens» y est ajoutée par son auteur, Eugène Taché, architecte et sous-ministre, lors de la construction du palais législatif à Québec. Cette devise n'a jamais reçu la sanction royale.
C'est en 1939 que le gouvernement québécois adopte les armoiries actuelles de la province, suite à une étude de l'héraldiste Maurice Brodeur. Ce changement répond au désir de rendre les armoiries plus conformes aux réalités historiques du Québec. On décrit le nouveau blason comme suit: «Tiercé en fasce: d'azur, à trois fleurs-de-lis d'or; de gueules, à un léopard d'or armé et lampassé d'azur; d'or, à une branche d'érable à sucre à triple feuille de sinople, aux nervures du champ. Timbré de la couronne royale. Sous l'écu, un listel d'argent bordé d'azur portant la devise "JE ME SOUVIENS" du même».
Le chef de l'écu, d'azur à trois fleurs de lis d'or, symbolise la naissance du Canada et son premier régime politique (en 1376, le roi de France, Charles V décréta qu'elles seraient limitées à trois, en l'honneur de la Sainte-Trinité). Au centre, les armoiries représentent le second régime politique, avec un léopard identique à ceux que comportent les armoiries britanniques. La pointe de l'écu montre les feuilles d'érable à sucre qui représentent la terre canadienne. Elles sont l'emblème particulier du Québec où l'industrie du sucre d'érable est l'un des principaux produits naturels. La couronne héraldique de la Grande-Bretagne apparaît au-dessus de l'écu. Selon l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, le souverain britannique est le défenseur des droits des Canadiens de langue française.
Je me souviens:
La devise du Québec figure officiellement au bas des armoiries du Québec depuis 1939 mais elle était déjà utilisée depuis 1883, fruit de l'imagination et de l'initiative du concepteur de l'Hôtel du Parlement, Eugène-Étienne Taché.
En effet, Taché avait prévu de placer les armes de la province au-dessus de la porte principale de l'Hôtel du Parlement et d'y inscrire une devise de son cru : «Je me souviens». Il prépara des plans à cette fin et ils furent annexés au contrat de construction passé en 1883 sous l'autorité d'un arrêté du Conseil exécutif. C'est ainsi que la devise imaginée par Taché a été ratifiée par le gouvernement québécois.
Plusieurs auteurs ont cherché le sens de cette devise. André Duval y voit la réponse d'un sujet canadien-français à la devise du marquis de Lorne, gouverneur général du Canada, qui se trouve dans le vestibule de l'Hôtel du Parlement : «Ne obliviscaris» (Gardez-vous d'oublier). Conrad Laforte croit que Taché s'est inspiré du Canadien errant d'Antoine Gérin-Lajoie : «Va, dis à mes amis, que je me souviens d'eux».
Ces interprétations récentes (années 1970) ne semblent plus correspondre à celles qui circulaient au tournant du siècle chez des contemporains du concepteur de la devise et qui ont plus de chances de coller à sa pensée qu'il n'a malheureusement jamais mise sur papier.
Le juge Jetté, dans un discours de 1890, évoquait les sentiments des Canadiens lorsque le drapeau français réapparut sur le fleuve en 1855 : «Oui, je me souviens, ce sont nos gens». D'après Pierre-Georges Roy, cette devise dit «clairement le passé, le présent et le futur de la seule province française de la Confédération canadienne». Ernest Gagnon, qui était secrétaire du département des Travaux publics à l'époque et qui a bien connu Taché, écrit que cette devise résume admirablement «la raison d'être du Canada de Champlain et de Maisonneuve comme province distincte dans la Confédération».
L'interprétation de monsieur Gagnon est probablement très proche des intentions de Taché. En concevant la décoration de l'Hôtel du Parlement, ce dernier voulait rendre hommage aux hommes et aux femmes qui ont marqué l'histoire du Québec.
LE LYS = Symbole du ROI CRAPAUD
Après quelques recherches sur les changements dynastiques, les « mutationes regni » et leur répercussion sur l’évolution de l’héraldique, nous nous sommes penché sur les symboles des armoiries arborées par la royauté franque. Et quelle ne fut pas notre surprise d’apprendre que le modèle archétypal du lys était le crapaud mérovingien!
Au musée de Reims sur la tapisserie représentant la victoire de Tolbiac, on peut voir Clovis revêtu d’un surcot jaune « semé de crapauds de sable », sur le bas-relief d’Orléans figurant une bataille entre Francs et Germains l’étendard fleurdelisé est apparié avec un étendard chargé de trois crapauds noirs.
Au XVIème siècle, dans la chapelle du château de Frankenbourg, dont le fondateur serait Clovis lui-même, on pouvait admirer une fresque figurant les armoiries du roi, « trois crapauds noirs sur champ blanc ». L’armorial du héraut Gelre vers 1400 mentionne l’écu « d’azur à trois crapauds d’or » et l’attribue à Priam présenté comme l’ancêtre de Clovis.
L’armorial charolais de 1430 présente l’enluminure du blason du «Roy de Franche en Allemagne, d’or à trois crapauds de sinople ».
L’armorial de Grünenberg (1483, Allemagne) présente à la page relative au roi de France un écu d’azur à trois crapauds d’or.
On sait que le roi Philippe le Bel accorda un fief à son fruitier Adam de Valmondois, à charge pour chaque mutation de seigneur d’offrir deux arçons de selle à cheval, l’un aux armes communes de France, l’autre aux armes de Clovis, on savait donc faire la différence entre les deux armes. Dans « le songe du vergier », œuvre commandée officiellement par Charles V en 1378 il est question des « 3 troys crapaux » de Clovis.
L’empereur du Saint Empire Romain Germanique Maximilien 1er commémora Clovis statufié dans la Hofkirche d’Innsbruck : le roi franc y tient un écu parti de trois crapauds et de trois fleurs de lys.
Michel de Notre-Dame dans ses centuries évoque « Le très puissant Seigneur, héritier des crapaux » qui « subjuguera sous soy tout l’univers» désignant ainsi le rejeton mérovingien. Blaise de Vigenère cryptographe de Henri IV et naturaliste éclairé écrivait :
« J’ai souvent vu par expérience récréative que la cervelle du coq est faite en forme d’un crapeau bien formé et qu’estant renversé de l’autre costé elle ressemble à une fleur de lys, qui sont les armes des Français et des Gaulois »
La transition formelle du crapaud au lys est illustrée sur la quatrième tapisserie de la tenture de la vie de Saint Remi, on y voit un ange apportant les lys de France, il s’agit là de la pieuse légende rapportée par Joyenval. Jean du Tillet dans son fameux « Recueil des roys de France » (1586) considère que l’envoi des armes fleurdelisées à Clovis par un ange est une fable inventée sous Charles VI.
Les frères Scévole et Louis de Saincte-Marthe, historiographes du roi, écrivent en 1628 une « Histoire généalogique de la maison de France », mais ils ne font commencer la série de leurs gravures des armes royales qu’à Hugue Capet, estimant eux-aussi que l’histoire de Joyenval n’est qu’une légende.
Mais bizarrement, si tous ces auteurs reconnaissent le caractère légendaire de l’histoire rapportée par Joyenval, tous vont s’employer à nier également le caractère historique des armes crapaudières : Jean du Tillet s’échinera à montrer que les lys étaient déjà les armes mérovingiennes, avec des exemples tels que celui du « soulier de Clothaire 1er » ou encore celui du « bout du sceptre de Chilperic » qui feront sourire les médiévistes.
Louis Moréri dans son « Grand Dictionnaire Historique » (1759) écrira : « L’opinion qui donne à la France trois crapaux ou trois couronnes pour armes, est fabuleuse & n’a point d’autorité ; quoiqu’on nous veuille persuader que l’on en voit encore des marques sur les portes de la ville de Bayonne & en quelques autres endroits du royaume(…) mais pour les crapaux, il y a apparence que les fleurs de lis paroissant mal formées dans les vieilles peintures, on les a prises pour ces animaux à qui elles ressembloient en quelque façon ».
Cela fera bondir le grand spécialiste du bas Moyen Âge Michel Rouche qui commentera par : « Navrant dictionnaire… »
Arrêtons nous cependant un moment sur la troublante similitude géométrique entre le lys et le crapaud stylisé, les deux pétales recourbés ressemblant étrangement aux deux pattes repliées du batracien, mais contrairement à l’opinion anhistorique de Louis Moréri ce serait la forme du lys qui serait dérivée de celle du crapaud et non l’inverse:
Pourquoi donc ces auteurs de l’Ancien Régime ont-ils farouchement nié l’origine crapaudière des armes de France ? Et même pour aller plus loin pourquoi le symbole du crapaud est-il devenu synonyme de laideur et emblème du diable ?
En effet dans le « Dictionnaire archéologique et explicatif de la science du blason » (1901) du Comte Alphonse O’Kelly de Galway il est écrit à l’article « crapaud » : « Dans l’iconographie sacrée, il est le symbole de l’impureté ».
Dans l’iconographie traditionnelle on peut effectivement constater que l’écu de Messire Diable est frappé de trois crapauds, tout comme pour les Mérovingiens :
Les membres d’une confrérie de sorciers de la campagne anglaise du Cambridgeshire, adorateurs du « Dieu Cornu », étaient même surnommés les « Hommes crapauds », preuve s’il en est de la diabolisation du symbole du crapaud, sans compter ses multiples emplois dans les recettes de sorcellerie.
À voir également le « crapaud de Clovis » présent sur un chapiteau de la Collégiale de Poissy, antérieur à la Collégiale, le seul restant, les autres ayant mystérieusement disparus :
Pourquoi donc les armes crapaudières de la plus prestigieuse dynastie française, sans laquelle l’Europe aurait basculé dans l’arianisme et la France ne serait pas, comme le rappelle Bruno Dumézil, pourquoi donc ses armes ont-elles été niées, diabolisées et déformées en lys? (alors que, rappelons le, d’innombrables symboles païens se sont parfaitement intégrés au contexte chrétien de l’époque, et que le bestiaire et l’héraldique médiévale sont truffés de tout un tas d’animaux fabuleux).
Pour répondre il faut se pencher sur l’histoire du dernier mérovingien connu de l’histoire officielle, Dagobert II: le 23 décembre 679 alors que Dagobert II chasse dans la forêt de Woëvre près de Stenay il fait halte près d’une fontaine pour se reposer et s’endort après avoir imprudemment donné congé à sa garde.
Profitant de l’occasion, l’un de ses serviteurs s’approche de lui et lui porte un coup terrible avec sa lance : la lame lui crève l’œil, traverse son cerveau et le tue sur le coup. Sa garde le retrouve cloué à un arbre.
Deux siècles plus tard, il est reconnu saint et martyr et mystérieusement canonisé par un concile métropolitain, sa dépouille est placée dans une chasse d’or et d’argent de la basilique Saint Dagobert.
À noter qu’un récit de la vie du dernier mérovingien, fait état d’une résurrection opérée par l’évêque Arbogast, un autre Saint, sur la personne de Dagobert II, qui tel un nouveau Lazare se relève d’une chute mortelle, après un accident de chasse au sanglier.
Le commanditaire de l’assassinat est le maire du Palais Pépin de Herstal, le père du fondateur de la dynastie carolingienne.
Le changement dynastique est donc inauguré dans le sang d’un roi et Saint Martyr de la première race franque, celle dont il est coutume de dire qu’elle a posé par son baptême l’acte fondateur de la France.
Voilà donc un crime ignominieux et un terrible scandale, de nature à ébranler l’alliance entre le « Trône et l’autel », encore plus scandaleux que la fausse donation de Constantin, le faux le plus célèbre de la Papauté forgé afin d’asseoir la souveraineté temporelle du Saint Siège.
Ce changement dans les armoiries, cette déformation et cette diabolisation reflètent donc la tentative des usurpateurs pour faire oublier leur forfaiture tout en se constituant une légitimité sur les ruines de la première dynastie.
Dans l’histoire il y a des cas similaires, ainsi les successeurs du pharaon Akhenaton de la XVIIIème dynastie firent tout pour supprimer les symboles apposés sur les cartouches, bas-relief et statues qui rappelaient le règne de ce pharaon, soit en les recouvrant, soit en les détruisant.
Il faut savoir que le terme « rois fainéants » n’est pas un quolibet républicain comme on pourrait le croire.
L’expression « rois fainéants » apparaît au IXème siècle sous la plume d’Eginhard, le biographe de Charlemagne, qui pour légitimer l’avènement de la nouvelle dynastie explique que les Mérovingiens «n’avaient plus de roi que le nom ».
Certains auteurs, tournant en dérision l’explication carolingienne, jouèrent sur le mot fainéant : « les rois faits néant », c'est-à-dire « réduit à néant », pour bien rappeler l’assassinat politique du Saint Martyr et dernier roi mérovingien Dagobert II par Pépin de Herstal. Ainsi un bon millénaire de l’histoire de France est l’histoire d’une usurpation, l’histoire d’un tabou.
On peut se poser la question de savoir s’il y eut une descendance mérovingienne après Dagobert II et cela fit d’ailleurs couler beaucoup d’encre, certains auteurs faisant allusion à son fils putatif Sigisbert IV qui aurait fait souche dans le Razès, mais officiellement tout s’arrête à Dagobert II. Ceci dit, l’hypothèse n’a rien d’absurde, lorsqu’il est mort Dagobert II avait déjà 27 ans, ce qui pour l’époque n’était déjà plus la prime jeunesse, et il s’était marié 13 ans auparavant en 666 avec la princesse irlandaise Mathilde, et un roi, plus qu’un autre, doit se soucier d’avoir descendance.
Quoiqu’il en soit, il est un personnage de l’histoire de France ou plutôt devrait-on dire de l’histoire du Royaume franc de Jérusalem qui entretient une relation spéciale avec la lignée mérovingienne, il s’agit de Godefroy de Bouillon, duc de Basse-lorraine, chef de la première croisade et « Avoué du Saint Sépulcre ».
Godefroy de Bouillon fut, avant de partir en croisade, seigneur de Stenay, lieu où fut assassiné Dagobert II et plus tard où furent mises en chasse en la basilique Saint Rémi ses reliques.
En l’an 1093 Godefroy de Bouillon établit par un diplôme le culte de Saint Dagobert, comme son père Godefroy le Barbu l’avait déjà fait 24 ans auparavant en 1069.
Entre parenthèses et pour revenir à l’héraldique la ville de Stenay présente une curiosité dont on peut prendre connaissance en allant sur le site généalogique de la lorraine : « Stenay est appelée à l’origine « Satan! » ou « Saten2 puis « Satanacum ».
C’est pour cette raison que les armes de Stenay se présentent quelquefois dans un cartouche au sommet duquel figure une tête de Satan et plus loin sur les armes communes : « On remarquera que le lion d'or sur fond d'argent fait de ce blason des armes en enquerre, c'est à dire des armes composées contre les règles ordinaires (métal sur métal) et au sujet desquelles il faut s’enquérir. Les armes les plus connues de ce type sont celles du Royaume de Jérusalem : d'argent à la croix potencée d'or, cantonnée le quatre croisettes de même. Or c'est précisément Godefroy de Bouillon, roi de Jérusalem, seigneur de Stenay, qui fortifia la ville. C'est-peut être pour cette raison que les métaux du blason de Stenay sont identiques à ceux de Jérusalem »
Sur le personnage de Godefroy de Bouillon lui-même est attaché un fabuleux et fameux récit, celui du Chevalier au Signe, qui inspira le Lohengrin de Wagner.
L’existence de la légende de l’ascendance merveilleuse des Bouillons est attestée dès la fin du XIIème siècle dans une lettre de Guy de Bazoches. Toujours à la fin du XIIème siècle, la « Chanson d’Antioche » rappelle comme des faits bien connus le séjour du Chevalier au Signe à Nimègue et son mariage avec la duchesse de Bouillon. Or la particularité du Chevalier au Signe, tel que nous le présentent les vieilles légendes, est qu’il est tenu au secret sur ses origines, Wolfram von Eschenbach le fait s’évanouir dans les airs sitôt qu’il révèle qu’il est le fils de Parzival. C’est donc l’image d’un chevalier à l’identité cachée que les troubadours et minnesinger du XIIème et XIIIème siècle ont décidé d’accoler au personnage de Godefroy de Bouillon.
LE MYSTÈRES DU LYS
Pour les chrétiens, le lis désigne la pureté, il est d'essence divine. Fleur représentée sous une forme trilobée. Le lis figure les vérités de la trinité Sainte. Il désigne la virginité de Marie lors de l'Annonciation et symbolise également l'immortalité.
La fleur de lis dérive-t-elle du crapaud ?
Pour certains, l'art roman influencé par des motifs très stylisés aurait permit de schématiser une grenouille vue de dessus. Il est vrai que de nombreuses figurations de fleurs de lis florencées possèdent deux traces, de part et d'autre de l'organe central de la fleur qui pouvaient figurer les pattes avant du batracien...
En Flandre, la première apparition de la fleur de lys sur des monnaies se rencontre du coté de Bergues au tout début du XIIe siècle, la frappe était faite à l'abbaye de Saint-Winnoc. On la rencontre ensuite à Lille, toujours avec des "étamines" de part et d'autre de l'organe central de la fleur".
Plusieurs interprétations indiquent que les Francs Salliens portaient des emblêmes au semé de lis jaune ou d'iris.
Une explication tient à la légende de Clovis, qui avait pour armoiries trois crapauds. Lorsqu'il dut résister à une invasion des Goths, Clovis promis à sa femme Clothilde de se convertir enfin au christianisme si la victoire était sa destinée. Alors qu'il livrait une bataille au-dessus du Rhin, il trouva enfin un endroit au bord du fleuve qui pouvait servir de gué, indiqué par des touffes d'Iris jaunes - ceux-ci poussent en effet en eau peu profonde - et après une reconnaissance, ce fut l'endroit choisi pour faire traverser son armée qui fondit sur l'ennemi. Clovis comprit ce signe divin et décida de substituer aux crapauds trois fleurs de lys jaunes…
La fleur de lis vient-elle des croisades ?
La fleur de lys était employée chez les orientaux avant et pendant les croisades. Ainsi ce symbole était porté à Damas par l'« Atabeq » et ses troupes lors des premières rencontres.
Louis VII pris les trois "iris" sur ses bannières lors de la deuxième croisade vers Damas. Ces symboles devinrent les « Fleurs de Loys », puis fleurs de Loïs et enfin fleurs de Lis.
Une des premières traces de cette fleur associée à la royauté remonte à une ordonnance de 1179.
Le lys figure sur le sceau de Philippe II Auguste qui, siégeant, tient à la dextre un lis symbole de la royauté. Son manteau lors de la cérémonie du Sacre en était constellé (on dit semé quand il existe de nombreuses fleurs sur le champ de l'écu = de France ancien). Il réduit ce nombre illimité de lys au nombre symbolique de trois et se servit de cet étendard pendant la troisième croisade vers Jérusalem.
Ce chiffre de trois fût confirmé par Charles V (1364) et associé à la Sainte Trinité (de France moderne).
Les ordres chevaleresques adoptèrent le lys blanc : en 1048, Garcia IV de Navarre fonda l'"Ordre de Notre Dame du Lis"; en 1369, Louis III le Bon, duc de Bourgogne, fit représenter le lis blanc dans les insignes de son ordre du Chardon; en 1413, Fernand, duc d'Aragon, institua l'ordre du Lis et du Griffon, l'animal mythologique; en 1546, le pape Paul III créa l'ordre du Lis dans le but de défendre le patrimoine de Saint Pierre contre les ennemis de l'Église.
Le dernier "Ordre du Lis" fut institué en France, en 1814, par le comte d'Artois, frère de Louis XVI, au retour des Bourbons après l'époque napoléonienne; il portait une bande bleue à fleur de lys argent. Cet ordre récompensait la fidélité à la monarchie légitime; il perdit cependant beaucoup de son prestige pour avoir été distribué trop facilement.
Lorsque les armoiries se constituent en europe, les branches issues de Saint -Louis, ses frères et ses fils, vont adopter les fleurs de lis. Le Lys, qui était un emblème idéologique renvoyant à l'idée de souveraineté, ainsi qu'un symbole marial à partir du XIè siècle, est récupéré après le XIIIè siècle comme emblème familial et dynastique.
Ceux que l'on appellera au XVè siècle les "Princes du Sang", se nomment au XIVè siècle les "Princes des Fleurs de Lys".
De nombreuses maisons royales et familles nobles demandèrent au Souverain l'autorisation de porter des fleurs de lys dans leurs armoiries comme gage de reconnaissance de leurs titres et propriétés accumulés au cours des siècles, ce qui fut très débonnairement accordé. Il en fut de même pour les villes ayant rendu service à la couronne, qui ajoutèrent à leur propres armes un chef de France ancien ou moderne. Mais le grand recensement de 1696 des armoiries en France, outre l'avantage de lever un impôt, permit de vérifier, par la production des titres par les prétendants, la validité des prétentions à cette figure.
Dans la numismatique, cette figure symbolise le plus souvent la royauté française. A l'époque médievale, le différent à la fleur de lys marque cependant l'atelier monétaire de Bruges (Flandre).
Les fleurs de lys furent présentes sur les armes des rois d'Angleterre pendant trois siècles, rappelant les prétentions des Plantagenet sur la couronne de France. Ce fut George III qui renonça officiellement à ces prétentions et la fleur de lis disparut des armes anglaises.
La fleur de lys a émigré au Québec où elle est présente dans le drapeau et les armoiries de la Belle Province.
Ascendance Davidique ?
Faut-il... peut-on accorder une once de confiance aux récits et livres écrits par Gérard de Sède ?
Sur cette question, les avis sont bien sûr partagés, mais on doit accorder à l'écrivain des sources le plus souvent très bien renseignées.
Même si nous sommes porté à prendre ses livres avec des pincettes, je dois dire qu'une énième visite de la Cathédrale Sainte Marie d'Auch dans le Gers vous conduira à reconsidérer avec plus d'attention ses écrits et à comprendre une fois encore que les lieux de certaines "révélations" sont multiples.
Cette série de réflexions sur une des plus belles et des plus méconnues cathédrales de France, je l'espère, vous en convaincra.
Dans le livre "La race fabuleuse", c'est un certain marquis de B. qui joue les informateurs de Gérard de Sède, d'aucuns ont pensé fortement à Philippe de Chérisey alors que selon d'autres il s'agirait du grand maître d'une obédience à laquelle Paul Rouelle, auteur de la photo de couverture de l'ouvrage, ne serait pas totalement étranger.
Allez savoir... dans un domaine où règne les manipulations les plus tordues et les plus stupides rien ne serait plus étonnant.
Dans cet ouvrage, Gérard de Sède tente de retracer les migrations des mérovingiens et l'origine des francs. Pour cela, il se réfère à Frégédaire, St Jérôme, Virgile... et pense retrouver le chemin de cette lignée porteuse d'un sang sacré, cette lignée de rois-prêtres.
Parmi leurs attributs, il note leur longue chevelure et leur caractère velu établissant un parallèle avec les rites sacerdotaux hébraïques et les nazir aux cheveux intacts.
Il nous rappelle aussi leurs symboles : abeilles, crapauds et fleurs de lys.
de Sède nous indiquait que Clovis, à plusieurs reprises, était représenté soit portant sur sa cuirasse une blouse jaune parsemée de crapauds noirs, soit entouré d'étendards chargés de trois crapauds. Il nous rappelle aussi qu'une histoire de France éditée au XVIIe siècle aux Pays-Bas porte en frontispice un écu d'azur chargé de trois crapauds d'or et enfin que Nostradamus évoque très souvent dans ces centuries les rois mérovingiens sous le nom de crapauds !
Ce lys est donc pour lui l'ancien crapaud des rois mérovingiens remplacé au moment du baptême de Clovis par l'emblème que nous connaissons aujourd'hui aux rois de France. Mais cette version est loin de faire l'unanimité tant nos historiens semblent ignorer la véritable origine du symbole.
En suivant donc le fil de ses réflexions, l'auteur associe l'iris jaune au crapaud mérovingien, symbole dans son livre, de cette antique lignée sacerdotale d'origine juive d'où descendraient les rois de France.
Boudet dans "La vraie langue celtique" où dès les premières pages, il fait remonter le peuple des gaulois aux kimris, reprenant en cela des écrits plus anciens comme "l'histoire des Gaulois" d'Amédée Thierry.
On peut supposer que tout cela au fond n'est qu'une espèce de para-histoire plus ou moins fantaisiste, non exempte d'arrières pensées royalistes et catholiques mais pourtant la Cathédrale d'Auch va bien étrangement nous conduire à reconsidérer ces jugements condescendants. Il suffit pour cela de se rendre dans le grand chœur pour y admirer les stalles de chêne du XVIe siècle.
Clovis le "Roi Crapaud" figure dans la Cathédrale d'Auch
Plus de 1500 sculptures dont aucune n'est répétée deux fois ornent cet espace somptueux. À main gauche, on découvre de grandes figures bibliques dont la première est David reconnaissable à la harpe avec laquelle il s'accompagnait pour honorer son Dieu et danser devant l'Arche d'Alliance.
Les brochures à son propos ne nous disent rien si ce n'est qu'on pense que le roi François 1er est représenté ici sous les traits de l'élu du Dieu d'Israël...
Indication précieuse pour percevoir le grand dessein de cette oeuvre de pierre, de bois et de verre qu'est la Cathédrale.
Il nous suffit maintenant d'observer ce que ce roi de France en qui s'incarne l'esprit même du fondateur de cette race "davidique" tend à nous montrer, son index droit pointe vers ses pieds. Et sous ses pieds, nous avons la surprise de découvrir un autre personnage couronné aux jambes de batracien !
Parfait résumé en deux figures sculptées de ce que Gérard de Sède s'est efforcé de nous démontrer.
Il n'y a pas d'explication à cette représentation de roi-crapaud dans les ouvrages traitant de la cathédrale ou dans la Bible en référence à David, alors à chacun maintenant de se forger sa propre opinion et de mesurer l'ampleur des coïncidences qui d'un lys jaune surplombant le Christ à un David-roi de France surplombant un roi-crapaud se calquent si bien sur les écrits délirants d'un Gérard de Sède en mal de sensationnel à bon compte.
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Les membres postérieurs du supposé Clovis "roi crapaud" font plutôt penser à des pieds de capridés ou équidés, les pattes ne sont pas palmées, mais paraissent terminées par un sabot.
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