mardi 24 septembre 2013

ÉLOGES DU VÉLO ÉLECTRIQUE...


Un vélo (électrique) dans la tête...
article de Jean-Pierre Girard

Ok, vélo électrique. On va se payer quelques petits préjugés aujourd’hui — vous savez, ces raccourcis vaseux qui nous disculpent de réfléchir. Et vous lisez bien sûr cette chronique avec un sourire en coin (comme vous regarderiez tendrement un ami incapable de faire une chose très simple), car j’ai décidé de faire œuvre, non pas d’offrir mon corps, ou ce qui en reste, à la science, mais bien de réhabiliter la réputation de ces engins (dont l’un a bouleversé ma vie, oui monsieur).

D’abord, savoir que j’ai toujours été un gars de moto. J’avais 6 ou 7 ans quand j’ai eu le droit de me promener dans le champ avec un mini-cross Honda, ce qui en faisait mon premier petit moteur entre les jambes (expression qui ouvre toujours la porte aux blagues un rien fallacieuses en rapport au fait qu’au moins, il y avait quelque chose, ah-ah-ah, entre les jambes, ah-ah, elle est vraiment très drôle). Je suis motocycliste, donc, notamment parce que j'ai toujours détesté, mais dé-tes-té, le vélo. En campagne, pour moi, il était synonyme d’horreurs variées, des distances interminables avec neuf chances sur dix de revenir de l’école épuisé, en remontant la côte le vent dans la face. Détesté ça, toujours (sportif, je l’étais beaucoup, mais la pédale, non).

En 1996, Aurélie avait trois ans, j'ai vendu ma dernière moto (Honda Custom, 900 cc, une jolie bête dont j’entends encore le calme vrombissement, et dont je ressens toujours la chevaline puissante entre mes… jambes), et me suis acheté un Westfalia — plus sûr, pour une enfant : je n’imaginais pas ma fille à l’arrière de la moto. Et comme le West et la moto, c’est un peu la même saison, eh bien un plus un égale deux.)

Or, depuis deux ans, j’ai un vélo électrique... (J’en entends déjà qui reniflent et se gaussent, y allant d’un air un peu gaga, style: « Ah... Juste un vélo électrique... Ah », ne voyant sur ces engins que quelques croulants qui se donnent parfois un genre. Mais, non. Voyez, partons du principe que je ne ferais pas du tout de vélo, d'accord ? Eh bien, avec mon « Vélec », non seulement j'en fais, figurez-vous, mais je n'utilise presque pas l'assistance.

Ici: vélo 101. Un vélo électrique n'est pas une mobylette. Il offre plutôt des degrés d'assistance. De zéro (aucune assistance, mais voici un vélo assez lourd, surtout le mien, car j’ai deux batteries plutôt qu'une), puis une assistance à 7%, à 15, à 30, à 60%, ou totalement. (Là, c’est une mobylette.) Évidemment, la batterie se déchargera en fonction de l’utilisation de l'assistance. Avec une batterie, si tu ne pédales pas, tu as une autonomie de près de 40 kms (et avec deux, de 75, mettons).

Mais voyons comme nos impressions nous cachent parfois la forêt, et tout ça. Toujours dans mon cas, je pédale presque tout le temps, efforts constants et dosés, ne me servant de l'assistance qu’en de rares occasions — ou alors, pour me faire un petit plaisir cruel, quand je vois arriver une côte, je ris d’elle, ainsi que du vent de face. (Avant, ces deux affaires-là me terrorisaient ; maintenant elles me font bien rigoler.) Si bien qu'avec une seule batterie, j’atteins 70 kms, et près de 140 avec deux, ce qui commence à faire une bonne balade.

Et voilà qu’on arrive dans ma tête : ma « haine » du vélo, vous l’aurez deviné, était (comme une certaine quantité d’autres choses) dans ma tête. (Vous devez savoir de quoi je parle, d’ailleurs.) Maintenant, juste l’idée de savoir qu’un petit rien entre les jambes peut m’assister quand je le désire, et me voilà cavalier de l’électrique. Car évidemment, en résumé, pour un gars qui n'en aurait pas fait du tout, ça devient un exercice très bénéfique. Et pas d'empreinte écologique.

On devrait s’ouvrir un club, ou quelque chose dans le genre, pour parler de temps en temps de ce qu’on a dans la tête.

jeanpierregirard.com

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