Une théorie Russe datant de cinquante ans sur l’origine abiotique et non fossile du pétrole et du gaz remet en cause l’enseignement traditionnel. Les théories étasuniennes sur l’origine des ressources naturelles seraient, une absurdité non scientifique, qui demeure à ce jour, improuvable. Ces recherches et ces expertises si elles sont avérées et applicables bouleverseraient l’économie mondiale et changeraient les rapports de domination dans le futur.
Par F. William Engdahl
FOSSILES INTELLECTUELS ?
L’école du pic pétrolier appuie sa théorie sur les manuels occidentaux conventionnels de géologie, la plupart écrits par des géologues états-uniens ou britanniques, qui affirment que le pétrole est un « combustible fossile », un résidu ou un détritus biologique des restes fossilisés de dinosaures ou peut-être d’algues, signifiant par le fait même un produit dont l’approvisionnement prendra fin. L’origine biologique est centrale à la théorie du pic pétrolier qui est utilisée pour expliquer pourquoi le pétrole est découvert seulement dans certaines régions du monde où il s’est géologiquement emprisonné il y a des millions d’années. Cela signifierait par exemple que les restes de dinosaures morts ont commencé à être compressés et qu’au cours d’une période de 10 millions d’années, ils se seraient fossilisés et se seraient emprisonnés dans des réservoirs souterrains de peut-être 4000 à 6000 pieds (1 à 2 Kms) sous la surface de la terre. Dans des rares cas, ainsi le veut la théorie, des quantités énormes de matière biologique devraient avoir été emprisonnées dans des formations de rocs situées dans les hauts-fonds océaniques telles que dans le Golfe du Mexique, la Mer du Nord ou le Golfe de Guinée. La géologie devrait uniquement tenter de comprendre l’endroit où ces poches dans les couches géologiques, appelées des réservoirs, se trouvent à l’intérieur de bassins sédimentaires spécifiques.
Une théorie complètement différente sur la formation du pétrole est apparue en Russie au début des années 50 et elle demeure pratiquement inconnue en Occident. Elle affirme que la théorie conventionnelle états-unienne sur les origines biologiques est une absurdité non scientifique qui demeure improuvable. Ils indiquent que les géologues occidentaux ont prévu à plusieurs reprises la fin du pétrole au cours du siècle dernier, en attendant d’en trouver plus, encore plus.
Cette explication sur les origines du pétrole et du gaz n’existe pas uniquement dans la théorie. L’émergence de la Russie et auparavant de l’URSS en tant que plus grand producteur au monde de pétrole et de gaz naturel est basée sur l’application de la théorie dans la pratique. Cela a des conséquences géopolitiques de grandes envergures.
La nécessité est mère de l’invention
Dans les années 50, sous le voile du « rideau de fer », l’Union Soviétique faisait face à l’isolement de l’Occident. La guerre froide battait son plein. La Russie avait peu de pétrole pour faire tourner son économie. Trouver suffisamment de pétrole sur son propre territoire était une priorité de sécurité nationale émanant des hautes autorités.
Les scientifiques de l’Institut de physique de la terre de l’Académie russe des sciences de même que ceux de l’Institut des sciences géologiques de l’Académie ukrainienne des sciences ont commencé à mener une enquête fondamentale vers la fin des années 40 : D’où provient le pétrole ?
En 1956, le professeur Vladimir Porfir’yev a présenté leurs conclusions : « Le pétrole brut et le gaz naturel n’ont aucun relation intrinsèque avec la matière biologique près de la surface de la terre. Ce sont des matériaux primitifs qui ont jailli des profondeurs abyssales. » Les géologues soviétiques venaient de tourner la géologie orthodoxe occidentale sens dessus dessous. Ils ont nommé leur théorie sur les origines du pétrole, la théorie « abiotique » c’est-à-dire non biologique, pour la différencier de la théorie occidentale sur les origines biologiques.
S’ils avaient raison, les réserves de pétrole sur terre seraient limitées seulement par la quantité de constituants d’hydrocarbure présents dans les entrailles de la Terre au moment de sa formation. La disponibilité du pétrole dépendrait uniquement de la technologie pour forer des puits ultra profonds et pour explorer dans les régions intérieures de la terre. Ils ont également réalisé que d’anciens gisements pourraient être restaurés et pourraient continuer à produire à la manière de gisements qui se remplissent à nouveau par eux-mêmes. Ils affirment que le pétrole se forme dans les profondeurs de la terre, dans des conditions de très haute température et sous de très hautes pressions comparables à celles requises pour la formation des diamants. « Le pétrole est un matériel primitif d’origine abyssale qui est acheminé sous haute pression par l’intermédiaire d’éruptions « à froid » dans la croûte terrestre, » a déclaré Porfir’yev. Son équipe a écarté l’idée que le pétrole est un résidu biologique des restes fossiles végétal et animal et la considère comme un canular conçu pour perpétuer le mythe de l’approvisionnement limité.
Défier la géologie conventionnelle
L’approche scientifique russe et ukrainienne radicalement différente des origines du pétrole a permis à l’URSS de faire d’immenses découvertes de gaz et de pétrole dans des régions précédemment jugées peu propices à la présence de pétrole selon les théories d’exploration géologiques occidentales. La nouvelle théorie sur le pétrole a été utilisée au début des années 90, bien après la dissolution de l’URSS, pour forer du pétrole et du gaz dans une région tenue pendant plus de quarante-cinq ans pour être un bassin géologiquement stérile, le bassin Dnieper-Donets, situé entre la Russie et l’Ukraine.
Suivant leur théorie abiotique (non fossile) des origines abyssales du pétrole, les géophysiciens et les chimistes pétroliers russes et ukrainiens ont commencé par une analyse détaillée du passé tectonique et de la structure géologique du sous-sol cristallin du bassin de Dnieper-Donets. Après des analyses tectoniques et des analyses de la structure profonde du secteur, ils ont fait des investigations géophysiques et géochimiques.
Un total de soixante et un puits a été foré, dont trente sept étaient commercialement productifs, représentant ainsi un taux extrêmement impressionnant de succès d’exploration de près de 60%. La taille du champ découvert est comparable au North Slope en Alaska. En revanche, le forage sauvage des États-Unis a été considéré un succès avec un taux de réussite de 10%. Neuf des dix puits sont pour ainsi dire « des trous secs. »
L’expertise géophysique russe permettant de trouver du pétrole et du gaz a été hermétiquement enveloppée dans le traditionnel voile soviétique de la sécurité d’état pendant l’ère de guerre froide et elle est demeurée en grande partie inconnue des géophysiciens occidentaux qui ont continué à enseigner les origines fossiles et par conséquent, les sévères limites physiques du pétrole. Lentement elle commence à naître auprès de quelques stratèges à l’intérieur et autour du Pentagone bien après la guerre contre l’Irak de 2003, à l’effet que les géophysiciens russes pourraient être « quelque chose » d’une importance stratégique majeure.
Si la Russie avait le savoir-faire scientifique et que les milieux géologiques occidentaux ne le possédaient pas, la Russie aurait alors en mains un atout stratégique aux conséquences géopolitiques majeures. Il n’y aurait rien d’étonnant à ce que Washington veuille ériger un « mur d’acier » comportant un réseau de bases militaires et de boucliers antimissile autour de la Russie, afin de couper ses liens portuaires et ses oléoducs destinés à alimenter l’Europe de l’ouest, la Chine et le reste de l’Eurasie. Le pire cauchemar de Halford Mackinder, c’est-à-dire le développement d’une coopération suite à la convergence des intérêts mutuels des principaux états d’Eurasie, soutenus par la nécessité et le besoin en pétrole pour maintenir la croissance économique, se réaliserait. Ironiquement, c’était ce [motif] flagrant pour les États-Unis de s’emparer de la vaste richesse de pétrole de l’Irak et éventuellement de l’Iran, qui catalyse cette coopération plus étroite entre les ennemis eurasiens traditionnels, la Chine et la Russie, et qui catalyse une plus grande prise de conscience de la part de l’Europe de l’Ouest que leurs options s’amenuisent.
Marion King Hubbert, le King de la théorie du pic pétrolier
La théorie du pic pétrolier prend ses assises sur un document publié en 1956 par feu Marion King Hubbert, un géologue du Texas travaillant pour la société Shell. Il a affirmé que la production des puits de pétrole est semblable à la courbe d’une cloche et une fois que le « pic » est atteint le déclin inévitable suit. Il a prévu que la production de pétrole aux États-Unis atteindrait son pic en 1970. En homme modeste, il a nommé la courbe de production qu’il a inventée, la courbe de Hubbert, et son pic, le Pic de Hubbert. Lorsque le rendement de l’extraction de pétrole aux États-Unis a commencé à diminuer autour de 1970, Hubbert a gagné une certaine renommée.
Le seul problème est que le pic ne dépendait pas de l’épuisement de la ressource dans les gisements de pétrole des États-Unis. Il y a eu un « pic » parce que Shell, Mobil, Texaco et les autres associés de Saudi Aramco ont inondé le marché des États-Unis avec des importations du Moyen-Orient très bon marché, exonérées de tarifs douaniers, à des prix si bas que plusieurs producteurs en sol US, de la Californie et du Texas, ne pouvaient plus concurrencer et ils ont été forcés de fermer leurs puits.
Le succès du Vietnam
Tandis que les multinationales pétrolières états-uniennes étaient occupées à contrôler les grands champs facilement accessibles de l’Arabie Saoudite, du Koweït, de l’Iran et des autres secteurs de pétrole bon marché et abondants au cours des années 60, les Russes s’occupaient à tester leur théorie abiotique (non fossile). Ils ont commencé à forer dans une région de la Sibérie considérée stérile. À cet endroit, ils ont développé onze gisements majeurs de pétrole et un champ géant basés sur leurs évaluations géologiques abyssales et « abiotiques ». Ils ont foré dans la roche cristalline du sous-sol et ils ont découvert de l’or noir à une échelle comparable à la North Slope en l’Alaska.
Ils ont par la suite été au Vietnam dans les années 80 et ils ont offert de financer les coûts de forage pour démontrer que leur nouvelle théorie géologique fonctionnait. Le gisement de pétrole du Tigre Blanc au Vietnam foré en mer par la société russe Petrosov dans la roche de basalte à environ 17 000 pieds de profondeur (quelque 5 kilomètres sous terre) permet l’extraction de 6 000 barils de pétrole par jour pour alimenter l’économie affamée d’énergie du Vietnam. En URSS, les experts géologues russes abiotiques ont perfectionné leurs connaissances et l’URSS en est devenue le plus grand producteur de pétrole au monde vers le milieu des années 80. Peu en Occident ont compris pourquoi ou ont pris la peine de se le demander.
Le Dr J.F. Kenney est l’un des rares géophysiciens occidentaux a avoir enseigné et a avoir travaillé en Russie, étudiant sous Vladilen Krayushkin, celui-la même qui a développé l’énorme bassin de Dnieper-Donets. Kenney m’a dit dans une récente entrevue que « d’avoir produit la quantité de pétrole que le seul champ de Ghawar (en Arabie Saoudite) a produite jusqu’à aujourd’hui, aurait nécessité un cube de détritus fossilisé de dinosaures, en supposant une efficience de transformation à 100%, mesurant 19 miles de profondeur, de largeur et en hauteur. (Soit environ 30 Kms en hauteur en largeur et en profondeur) » En bref, une absurdité.
Les géologues occidentaux ne se donnent pas la peine de présenter la preuve scientifique des origines fossiles. Ils l’affirment simplement comme une sainte vérité. Les Russes ont produit des volumes de documents scientifiques, la plupart en russe. Les journaux occidentaux dominants n’ont aucun intérêt à publier une telle vision révolutionnaire. Des carrières et des professions universitaires entières sont après tous en jeu.
Fermer la porte
L’arrestation en 2003 du russe Mikhail Khodorkovsky, de la société pétrolière Yukos Oil, a eu lieu juste avant qu’il ne puisse vendre une part majeure de Yukos Oil à ExxonMobil à la suite d’un entretien privé que Khodorkovsky a eu avec Dick Cheney. En obtenant cette participation dans Yukos Oil, Exxon aurait eu le contrôle du plus grand ensemble de ressources au monde de géologues et d’ingénieurs qualifiés dans les techniques abiotiques de forage en profondeur.
Depuis 2003, le nombre de scientifiques russes qui partageaient leurs connaissances a nettement diminué. Des offres au début des années 90 pour partager leurs connaissances avec les États-Unis et d’autres géophysiciens du pétrole ont été froidement rejetées selon des géophysiciens états-uniens impliqués.
Alors pourquoi une guerre à haut risque pour contrôler l’Irak? Depuis maintenant un siècle que les grandes sociétés pétrolières US et leurs alliées des pays occidentaux contrôlent le pétrole mondial par l’intermédiaire du contrôle de l’Arabie Saoudite, du Koweït et du Nigeria.
Aujourd’hui, en voyant les gisements géants de pétrole se tarir, les sociétés perçoivent les gisements de pétrole contrôlés par les gouvernements de l’Irak et de l’Iran comme la plus grande réserve de pétrole bon marché et facile [à forer] qui subsiste encore à ce jour. Avec la demande énorme en pétrole de la Chine et maintenant de l’Inde, il devient un impératif géopolitique pour les États-Unis de prendre directement le contrôle militaire de ces réserves au Moyen-Orient le plus rapidement possible. Le vice-président Dick Cheney est arrivé à son poste actuel via Halliburton Corporation, la plus grande société au monde de services géophysique dans le domaine pétrolier. La seule menace potentielle à ce contrôle du pétrole par les États-Unis s’avère justement se trouver à l’intérieur de la Russie et avec les géantes sociétés russes maintenant contrôlées par l’État. Hum!
Selon Kenney, les géophysiciens russes ont utilisé les théories du brillant scientifique allemand Alfred Wegener au moins 30 ans avant que les géologues occidentaux aient « découvert » Wegener dans les années 60. En 1915, Wegener a publié la théorie novatrice, « La genèse des Continents et des Océans », qui suggère qu’il y a plus de 200 millions d’années, il existait un super-continent unique « La Pangée » et qu’il a été séparé dans la forme actuelle des continents par ce qu’il a appelé « La dérive des continents. »
Jusqu’aux années 60, les présumés scientifiques des États-Unis tels que le Dr Frank Press, alors conseiller en science de la Maison Blanche, faisait référence à Wegener comme étant un « fou. » Des géologues à la fin des années 60 ont été forcés de ravaler leurs propos alors que Wegener offrait la seule explication qui leur a permis de découvrir les vastes ressources pétrolières de la Mer du Nord. Peut-être que dans quelques décennies, les géologues occidentaux repenseront leur mythologie sur les origines fossiles et réaliseront ce que les Russes connaissent depuis les années 50. Entre-temps, Moscou possède un atout énergétique majeur.
F. William Engdahl
La bonne nouvelle est que les scénarios catastrophiques voulant que l’humanité soit sur le point de manquer de pétrole sont erronés. La mauvaise nouvelle est que le prix du pétrole va continuer à augmenter. Le pic pétrolier n’est pas notre problème. La politique l’est. Les grandes pétrolières veulent maintenir le prix du pétrole élevé. Dick Cheney et ses amis sont tout aussi disposés à les aider.
Sur une base personnelle, j’ai fait des recherches sur les questions pétrolières depuis les premiers chocs pétroliers des années 70. En 2003, j’étais intrigué par quelque chose qui l’on appelle la Théorie du Pic Pétrolier. Cette théorie semblait expliquer la décision de Washington autrement inexplicable de tout risquer dans une agression militaire contre l’Irak.
Les défenseurs de la théorie du pic pétrolier, dirigés par l’ancien géologue Colin Campbell de British Petrolium et le banquier du Texas Matt Simmons, soutiennent que le monde fait face à une nouvelle crise soit, la fin de l’ère du pétrole bon marché, ou au Pic Pétrolier Mondial peut-être d’ici 2012 ou peut-être même en 2007. Les réserves de pétrole étant censément à leurs dernières gouttes. Ils ont fait ressortir la forte hausse des prix de l’essence et du pétrole de même que le déclin de la production dans la Mer du Nord, en Alaska et dans d’autres gisements de pétrole, pour prouver qu’ils avaient raison.
Selon Campbell, le fait qu’aucun nouveau gisement de taille comparable à ceux de la Mer du Nord n’a été découvert depuis la découverte des dits gisements en Mer du Nord vers la fin des années 60, en est la preuve. D’après certaines informations, il serait même parvenu à convaincre l’Agence internationale de l’énergie et le gouvernement suédois. Cependant, cela ne prouve pas qu’il ait raison.
Par F. William Engdahl
Source : http://www.diatala.org/article-12938617-6.html
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