vendredi 31 juillet 2015

OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE...


Réduire volontairement la durée de vie des produits pour inciter le consommateur à acheter toujours plus est désormais puni par la loi en France

La notion d'obsolescence programmée oscille entre mythe et réalité, mais certains exemples sont assez parlants.

Votre lave-linge rend l'âme sans crier gare, impossible de trouver une batterie pour remplacer celle de votre smartphone, votre logiciel n'est plus compatible avec votre appareil. La fatalité ? Ou peut-être est-ce que l'on appelle l'obsolescence programmée, un mal très actuel qui oscille souvent entre mythe et réalité. C'est en tout cas désormais un délit puni "d'une peine de deux ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende", ce montant pouvant même être porté à 5 % du chiffre d'affaire annuel réalisé en France.

Cette disposition fait partie de la loi sur la transition énergétique, adoptée définitivement par le Parlement mercredi. Pour rendre toutes ces mesures opérationnelles rapidement, les premiers décrets d'application seront publiés dès la rentrée 2015, a promis Ségolène Royal.


Prouver qu'un fabricant a volontairement réduit la durée de vie d'un produit et que le consommateur n'est pas un simple adepte de la théorie du complot ne va pas toujours être chose aisée,

Selon le texte adopté, "l'obsolescence programmée se définit par l'ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d'un produit pour en augmenter le taux de remplacement." En revanche, dans cette version, la liste des fameuses "techniques" n'apparaît plus. Dans sa première version, le texte précisait qu'il pouvait s'agir de "l'introduction volontaire d'une défectuosité, d'une fragilité, d'un arrêt programmé ou prématuré, d'une limitation technique, d'une impossibilité de réparer, en raison du caractère indémontable de l'appareil ou de l'absence de pièces détachées essentielles au fonctionnement de ce dernier, ou d'une incompatibilité". Tout cela a disparu, donnant lieu à une définition plus large et plus sujette à débat en cas de litige. 

Toujours est-il qu'une fois opérationnelles, ces dispositions vont permettre aux consommateurs de mener des actions en justice contre les fabricants usant de ces pratiques. A supposer qu'ils arrivent à prouver que ceux-ci ont volontairement introduit un composant fragile dans un appareil, par exemple. Car les techniques pour réduire la durée de vie des produits ne manquent pas. 
Les principales techniques et les exemples
L'obsolescence par défaut fonctionnel

C'est la plus caractéristique. La technique ? "Les producteurs font en sorte que si une seule pièce tombe en panne, c'est tout l'appareil qui se retrouve hors service", explique dans un rapport de 2013 le Centre européen de le Consommation (CEC). Plus bel exemple : les iPod 1ère, 2e et 3e génération. Leurs batteries tombaient en panne au bout de 18 mois. Or Apple n'en avait pas prévu le remplacement. Face au scandale et aux menaces de poursuites, la marque à la pomme avait dédommagé ses clients aux Etats-Unis et a fini par proposer d'acheter des batteries neuves en magasin.

La batterie des iPod, toute une histoire...

L'obsolescence par incompatibilité

Elle vise à rendre inutile un produit du fait qu'il n'est plus compatible avec les versions ultérieures ou celles d'un concurrent (systèmes d'exploitation, applications de smartphones). Plus bel exemple : la fin du support de Windows XP, abandonné le 8 avril 2014, après 12 ans de vie. Si cela n'a pas signé l'arrêt de mort immédiat des 500 millions de PC qui en étaient équipés, cela signifie que depuis ce jour ils ne bénéficient plus d'aucune mise à jour et sont de plus en plus vulnérables. Seule solution, passer aux versions ultérieures. Or la majorité des ordinateurs qui tournaient sous XP ne sont pas assez puissants pour les supporter. Alors à moins de tenter l'aventure Linux, les consommateurs ont dû ou vont devoir à terme, changer d'ordinateur,dénonçait entre autres 60 Millions de Consommateurs

La fin de Windows XP a fait couler beaucoup d'encre

L'obsolescence indirecte


C'est la technique la plus extrême. Elle consiste à arrêter la production de pièces détachées, rendant la maintenance et les réparations impossibles. Ou encore, alors que les produits sont encore fonctionnels, les accessoires qui leur sont associés sont difficiles à trouver, voire totalement indisponibles. Plus bel exemple : les smartphones. Essayez donc de trouver une batterie de rechange pour certains modèles ou un câble compatible avec certaines marques... 

Les smartphones cumulent plusieurs types d'obsolescence

L'obsolescence par notification

Celle-ci est vicieuse. Elle consiste "à concevoir un produit de sorte qu'il puisse signaler à l'utilisateur qu'il est nécessaire de réparer ou remplacer, en tout ou en partie, l'appareil", explique le CEC. Plus bel exemple : les imprimantes. Ce sont elles qui refusent d'imprimer un document sous prétexte que la cartouche est vide alors qu'il reste souvent de quoi imprimer encore quelques dizaines de feuilles. Sans parler des modèles qui n'acceptent que les cartouches de leur propre marque, bien plus chères. 
Les autres formes d'obsolescence

L'obsolescente par péremption concerne essentiellement les produits alimentaires et consiste à raccourcir artificiellement la durée de vie d'un produit qui est en réalité consommable au-delà de la date limite de consommation ou de la date limite d'utilisation optimale. 

L'obsolescence esthétique joue sur la psychologie du consommateur et parle d'elle-même. 

Le design et le marketing, des armes redoutables


Depuis le 1er septembre 2009, en Europe, les ampoules à incandescence et autres ampoules énergivores sont progressivement remplacées par des ampoules à plus grande efficacité énergétique

L'obsolescence écologique est récente et part d'un bon sentiment : remplacer ses vieux appareils énergivores par des appareils plus économiques et écologiques. Problème, il faut bien se débarrasser des anciens appareils. Résultat, cela "favorise aussi une augmentation considérable des déchets qui ne peuvent pas toujours être correctement recyclés", note le CEC. Plus beaux exemples : la prime à la casse pour les voitures, abandonnée fin 2012, ou le vaste plan de changement des ampoules. 

Les conséquences sur l'environnement

Outre le gaspillage alimentaire induit par l'obsolescence par péremption, selon les Amis de la Terre et le Centre national d'information indépendante sur les déchets (Cniid), un Français achète environ six fois plus d'équipements électriques et électroniques qu'au début des années 1990. Une consommation qui a des conséquences environnementales, à commencer par l'épuisement des ressources naturelles. Sans parler de l'incapacité à recycler. "Au lieu d'être recyclés, ces biens pour 70 % d'entre eux sont incinérés, enfouis ou traités dans des filières informelles", selon le rapport "L'obsolescence programmée, symbole de la société du gaspillage".

Le recyclage : un casse-tête

Pour le consommateur


Que dire des batteries d'iPhone, soudées, collées, vissées et qui nécessitent de démonter tout l'appareil pour être remplacées ? Décourageant. Et Dell qui avait retiré de la vente en 2011 son modèle d'ordinateur portable à batterie inamovible (procédé illégal dans l'Union européenne). Et que penser de certaines pièces d'appareils électroménagers qui sont commercialisées directement moulées dans le plastique de l'appareil et ne sont ni démontables, ni réparables. L'objectif est toujours le même : "empêcher la réparation pour forcer le consommateur à jeter le bien en panne et en racheter un nouveau", dénonce la CEC. Un mal qui finit par coûter cher...

Mais les consommateurs sont de plus en plus méfiants et entendent bien ne plus se laisser avoir si facilement. De plus en plus, ils troquent, prêtent, donnent, louent, réparent eux-mêmes leurs produits, échangent des services contre d'autres etc. Les sites et forums d'entre-aide sont également de plus en plus nombreux.

lundi 6 juillet 2015

LE TRISTE DÉCÈS DE CORINNE GOUGET


Décès : la nutritionniste Corinne Gouget s’est suicidée

Corinne Gouget était connue pour son livre « Additifs alimentaires : attention danger ». Elle enquêtait depuis de nombreuses années sur les travers de l’alimentation industrielle, un combat qui ne plaisait pas à tout le monde. Il semble qu’elle ait décidé de mettre fin à ses jours dans le Sud de la France.

Corinne Gouget s’était employée à répertorier puis à décortiquer chaque additif alimentaire utilisé par les industriels. Ce faisant, elle avait identifié leurs dangers pour l’Homme et avait entrepris de sensibiliser la population, en mettant les consommateurs en garde contre ces substances. Bien sûr, son travail lui valait d’être détestée par les professionnels du secteur.

La nouvelle de sa disparition, d’abord rumeur, puis confirmée, a eu l’effet d’une onde de choc parmi ceux qui la connaissaient. « Elle laisse à notre société l’empreinte d’une femme battante mais fragile, et lègue un travail remarquable en vidéos, écrits et conférences qui nous alertent sur les dangers cachés de l’alimentation industrielle », note par exemple son ami Michel Sebban pour lui rendre hommage.
Suicide ou assassinat ?

D’après les constatations faites par les enquêteurs, et relayées par Midi Libre, « une femme a été percutée par un train lundi 22 juin, vers 22 h, dans les proches environs de la gare de Frontignan. Elle a été tuée sur le coup. L’hypothèse du suicide est privilégiée ».


Le site d’actualités locales Hérault H24 précise : « La victime se trouvait sur une voie ferroviaire, à quelques dizaines de mètres des quais principaux de la gare SNCF de Frontignan, quand le train est arrivé. Un sac de femme découvert non loin des lieux du drame a été récupéré par les policiers ». Dans ce sac, des effets appartenant à Corinne Gouget, notamment un chéquier, ce qui permettra de l’identifier (ce qui devra être confirmé par une analyse ADN car le corps « n’est pas identifiable »).

De nombreux lecteurs et sympathisants de Corinne s’interrogent néanmoins. La thèse du suicide leur semble inconcevable, parce qu’elle avait « de nombreux projets en cours et à venir, notamment un livre de cuisine » ; mais aussi parce que, selon certains internautes, elle se serait présentée à la gare avec ses valises. « On n’emmène pas ses valises lorsqu’on l’on veut se suicider », estiment certains sur les réseaux sociaux, qui pensent que la nutritionniste a été « poussée », et qu’il s’agit donc d’un « suicide assisté ».
« C’est un suicide », affirme son webmaster

Eric Buzin, le webmaster et ami intime de Corinne Gouget, nie toutes ces suppositions qu’il assimile à des rumeurs. « Pour moi c’est un suicide (…) Elle en avait juste raz la casquette de sa vie, elle s’est éloignée de la gare le long de la voie ferrée puis s’est jetée sous un train… En même temps, les gens l’ont poussée à se suicider, les lobbies pharmaceutiques et agro-alimentaires sont des assassins en puissance. C’est eux qui l’ont poussée au suicide. Pas besoin de quelqu’un derrière pour te flinguer… L’exaspération existe et c’est bien pire qu’un tueur à gage… », indique-t-il notamment sur son blog.

C’est désormais aux forces de l’ordre d’examiner les preuves qui permettront d’accréditer un scénario plutôt que l’autre. Pour l’instant, aucun élément n’a été communiqué à la presse, ce qui est tout à fait logique dans le cadre d’une enquête comme celle-ci.