France : Sécheresse : 42 départements désormais concernés par des restrictions d'eau !
Quarante-deux départements, soit neuf de plus que mercredi, sont désormais concernés par des mesures restreignant certains usages de l'eau, selon le bilan actualisé samedi par le ministère de l'Écologie.
Les mesures les plus fortes, qui étaient concentrées sur une vingtaine de départements en début de semaine, ne concernent plus que 15 départements, dont ceux de la région Poitou-Charentes, la Dordogne, le Lot et le Rhône, selon le tableau des arrêtés préfectoraux publié par le ministère sur son site internet (www.developpement-durable.gouv.fr/Point-situation-secheresse.html).
Par ailleurs, quatre départements restent placés en situation de vigilance.
Les restrictions d'eau limitent les usages jugés non prioritaires pour les particuliers (arrosage des piscines, remplissage des piscines) et peuvent aussi encadrer certains usages liés à l'irrigation agricole.
On est en situation de crise et de gestion de crise, avait affirmé lundi la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, après avoir réuni avec un mois d'avance la commission de suivi hydrologique (dit comité sécheresse) rassemblant les représentants du BRGM, tous les usagers de l'eau, des élus et des experts, afin de faire le point sur la situation.
On est dans une situation de mois de juillet en ce qui concerne tous les indicateurs: nappes, débit et fonte des neiges, avait-elle ajouté.
Ce comité sécheresse doit se réunir régulièrement et au plus tard à la mi-juin, en fonction de l'évolution de la situation.
Source : ©AFP / 21 mai 2011
Depuis le mois de septembre 2010, début de l'année hydrologique, les cumuls de précipitations relevés sont déficitaires par rapport aux normales sur la plus grande partie du pays.
Ce déficit se situe entre 50 et 75 % de la normale du Poitou au Limousin et jusqu’au nord de Midi-Pyrénées, du nord du massif alpin au Jura, sur le sud des Vosges ainsi que sur le nord du bassin parisien. Ce quatrième mois consécutif à pluviométrie déficitaire affecte gravement les ressources en eau.
Globalement sur la France, les cumuls de précipitations pour le mois d'avril 2011 n'ont atteint que 29 % de la moyenne de référence établie sur la période 1971-2000. Le déficit dépasse même 75 % de la Somme à l’est de la Bretagne et au Bassin parisien, de la Vendée à la Gironde jusqu’au nord des Alpes, sur le littoral des Bouches-du-Rhône au Var, en Bourgogne, en Champagne et au sud de l’Alsace.
Le niveau des nappes au 1er mai 2011 est hétérogène d’une région à l’autre.
Plus des deux tiers (68%) des réservoirs affichent un niveau inférieur à la normale. C’est le cas sur la plus grande partie du Bassin parisien et dans le Sud-Ouest pour plusieurs grands aquifères. On peut citer les nappes de Beauce, du Bas-Dauphiné, du Champigny en Ile-de- France ou encore les nappes du bassin de la Garonne. Cette situation est le résultat de plusieurs années de déficit pluviométrique.
Le mois d’avril 2011 est le 2ème plus chaud et parmi les plus secs (seulement 29% de la « normale » des précipitations) du vingtième siècle.
À la mi-avril 2011, les sols sont plus secs en surface qu’en 1976.
Parmi les 400 milliards de m3 de pluie qui tombent en moyenne sur une année en France, les prélèvements en eau représentent environ 32 milliards de m3 par an1.
Différents types d’usagers (industriels, agriculteurs, collectivités, services et particuliers) sont utilisateurs d’eau.
L’industrie, plus gros consommateur les centrales nucléaires en particulier), rejette dans le milieu naturel une grande partie de l’eau qu’elle prélève.
Ses prélèvements représentent 68% de l’eau totale prélevée, soit environ 22 milliards de m3 (dont 19 pour le refroidissement). Elle ne compte en revanche que pour 22% des consommations totales, car une grande partie de l’eau prélevée retourne directement dans le milieu. Par ailleurs, le secteur a baissé sa consommation de 30% depuis les années 1970(amélioration des processus, et diminution de certaines activités industrielles).
À l’inverse, l’agriculture (...et le colza en particulier) consomme presque toute l’eau qu’elle prélève. C’est pourquoi elle représente près de 50% des consommations totales pour seulement 13% des prélèvements, soit environ 3 milliards de m3 en termes de consommation d’eau. En forte hausse depuis les années 1980 (hausse des surfaces irriguées, surtout au cours des années 1990), sa consommation d’eau commence à se stabiliser aujourd’hui grace au plan national. Mais les impacts sont importants, car ils sont concentrés sur une seule période de l’année, 3 mois d’été, où l'agriculture peut représenter jusqu'à 80% de l'eau consommée, et sur seulement certaines zones géographiques où les ressources sont les moins importantes.
L’eau potable (correspondant aux usagers que sont les collectivités, services et particuliers) représente 30% des consommations totales, soit environ 1,8 milliards de m3. Sa consommation est globalement stable du fait que l’augmentation de la population est compensée par une diminution de la consommation de chacun. L’eau prélevée en France provient en grande majorité des « eaux de surface », 82%, des fleuves, rivières et lacs, soit environ 26 milliards de m3.
Pour produire de l’eau potable, on utilise principalement (près de 63%) des eaux souterraines, moins polluées. Cependant, dans les zones urbaines, où la quantité nécessaire à chaque instant est très élevée, on prélève plutôt de l’eau de surface que les grandes collectivités ont les moyens de traiter efficacement.
L’eau est prélevée à partir de 35 000 points de captage. Les captages d’eau destinée à la fabrication d’eau potable sont protégés, pour éviter toute pollution accidentelle.
Dans certaines zones, les prélèvements sont supérieurs à la ressource (« zones de déficit structurel »), plus particulièrement dans :
le bassin parisien : pour la production d’eau potable et l’irrigation (Beauce)
le grand Sud Ouest et la façade atlantique (du Poitou-Charentes aux Pyrénées-Atlantiques) pour l’irrigation ;
et le Sud Est : essentiellement pour l’irrigation agricole (à 80 % aux moments où les niveaux des cours d’eau et des nappes phréatiques sont les plus bas - étiage-, ce qui renforce l’impact du déficit).
Quatre niveaux d'alerte ont été définis : vigilance, alerte, alerte renforcée et crise :
Seuil de vigilance : Le préfet se base sur le débit des cours d’eau pour déclencher le seuil
de vigilance. Il incite les particuliers et les professionnels à des économies d’eau.
Seuil d’alerte : Le préfet décide de premières mesures de limitation de l’usage de l’eau.
Seuil d’alerte renforcée : Ce seuil doit permettre une limitation progressive des prélèvements en eau et le renforcement des mesures de limitation ou de suspension des usages si nécessaires, afin de ne pas atteindre le niveau de crise renforcée.
Seuil de crise : Seuil déclenché en cas de mise en péril de l’alimentation en eau potable, la santé,
Les mesures de limitation des prélèvements sont progressives et adaptées aux différents usagers :
Usages domestiques (collectivités et particuliers) : sensibilisation, puis limitation de plus en plus forte des prélèvements pour l'arrosage des pelouses, des espaces verts, le lavage des voitures, le remplissage des piscines jusqu'à l'interdiction totale de ce type d'utilisation (hors usage eau potable).
Agriculture (l'agriculture représente 80% des prélèvements totaux effectués entre juin et août) : interdiction d'irriguer 1 jour par semaine, plusieurs jours par semaine ou à certaines heures jusqu'à l'interdiction totale de l'irrigation.
Industrie : démarche spécifique sur les unités les plus consommatrices. Par exemple, mesures imposant le recyclage de certaines eaux de nettoyage, la modification de certains modes opératoires, une réduction progressive d'activité.
Et a qui on fait payer en premier le manque d'eau???
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