La Lune renfermerait cent fois plus d'eau qu'on ne le pensait jusqu'ici.
Cette découverte conforte la théorie selon laquelle la Terre et son unique satellite ont une origine commune.
Il ne faut décidément jamais se fier aux apparences. Bien qu'elle semble à première vue aride et désertique, la Lune recèle de grandes quantités d'eau. Certes il ne s'agit «que» de glace et non de lacs cristallins ou de riantes cascades. Mais depuis deux ans, les découvertes se succèdent à un rythme effréné. Que ce soit dans les premiers mètres du sol lunaire (mission américaine LCROSS) ou au fond de petits cratères situés près des pôles (sonde indienne Chandrayan-1), les astronomes ont trouvé de l'eau gelée quasiment partout.
Aux dernières nouvelles, il y en aurait même à l'intérieur des entrailles de notre satellite, dans ce que l'on appelle le manteau lunaire, comme le révèle une étude parue jeudi soir sur le site en ligne de la revue Science.
Une équipe dirigée par le géochimiste Erik Hauri, de la Carnegie Institution à Washington, vient en effet de retrouver des molécules d'eau dans du magma lunaire prisonnier depuis plusieurs milliards d'années à l'intérieur de petites billes de cristal volcanique ramenées par les astronautes d'Apollo 17, la dernière mission de la Nasa sur la Lune, en décembre 1972.
Cataclysme cosmique
D'après les auteurs de cette découverte étonnante, la Lune renferme cent fois plus d'eau qu'on ne le pensait jusqu'ici! Le tout à des concentrations «similaires à celles que l'on retrouve dans la lave provenant de la partie supérieure du manteau terrestre», explique l'un des membres de l'équipe, le géologue Alberto Saal, de l'Université Brown à Rhode Island (États-Unis).
Si cette troublante analogie conforte la théorie selon laquelle la Terre et la Lune ont une origine commune, elle oblige cependant à réévaluer le processus de formation de notre satellite.
Le scénario, plébiscité jusqu'ici par la majorité des astronomes, est celui d'une collision entre Theia, un énorme astéroïde de la taille de Mars, et la Terre. Ce cataclysme cosmique, survenu de 30 à 50 millions d'années seulement après la naissance de notre planète, aurait éjecté de grandes quantités de matériaux lesquels, en s'agglutinant, auraient formé la Lune.
Mais, l'abondance d'eau retrouvée à l'intérieur de notre satellite s'accorde mal avec les hautes températures générées par la collision, car elle aurait dû se volatiliser dans l'espace. Faut-il pour autant abandonner la théorie de l'impact? «Il faut bien sûr intégrer ces nouvelles données, mais d'autres points restent à éclaircir avant d'aller plus loin», estime Bernard Foing, ingénieur à l'Agence spatiale européenne et directeur exécutif du Groupe international de l'exploration de la Lune, qui suggère «d'envoyer des missions sur place pour réaliser des études sismiques et collecter de nouveaux échantillons».
«On manque notamment d'informations sur la composition de Theia, sur l'état du manteau terrestre au moment de l'impact et sur le “morceau” de Terre qui s'est volatilisé dans l'espace», plaide-t-il.
Cette découverte suggère également que la glace détectée au fond des cratères provient également de l'eau libérée par les éruptions de magma lunaire et pas seulement de celle apportée au fil du temps par les comètes et les météorites.
Source : Le Figaro
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